L'Esprit, le Langage et l'Animalité : Une Réflexion sur la Nature Humaine et Animale.

La recrudescence de la spiritualité, et cette effervescence de L'Esprit sont étranges. A notre époque historique, ultime, qui ne laisse pas de place à l'Esprit, ou qui lui donne trop de place. Or le mal dans son essence est de l'Esprit même. Le mal est spirituel, et c'est bien à tort qu'on dit d'un chien qu'il est méchant.

L'animal ne peut pas être méchant, parce qu'il est indifférent à l'égard du bien ou du mal. Il est prisonnier de son univers environnant qui constitue son monde, et il vit dans l'hébétude, et dans l'obnibulation. Aveugle à l'éclaircie de l'Etre, en général, et de son propre être en particulier. C'est d'ailleurs pourquoi le langage lui est refusé, car il n'en a pas besoin.

Le langage n'est pas d'abord un moyen de communication, mais un moyen d'illumination, et de révélation. Montrer ce qui se montre, tel que de soi-même cela se montre. Par-là parler est bien une spécificité de l'homme au sein du vivant, il est "lumen naturale". Il est la torche, la lumière naturelle, par le langage. Mais tout moyen de communication n'est pas un langage bien entendu.

Quand bien l'animal puisse nous paraître cruel, c'est toujours dans des conditions précises et très limitées. L'animal ne sort jamais de l'unité du degré déterminé de son être dans la nature. Mais l'homme qui proclame, et qui acclame, l'Esprit est celui auquel appartient le douteux privilège. Qui est celui de pouvoir disjoindre son être, pour l'inverser, et pour tomber plus bas que l'animal dans la cruauté de l'infrahumanité, c'est à dire l'animalité inversée.

L'animal lui n'est pas de l'Esprit, il n'a pas d'esprit, il n'en a pas besoin. Au fond qu'est-ce que l'Esprit même? Le "pneuma" grec, le "spirit" latin, la "ruah" hébraïque, le "geist" allemand? Ou plus simplement le feu, le feu du buisson ardent, qui flamme, qui s'enflamme, en se mettant le feu et en mettant le feu?

Dans un monde aussi saturé de très mauvaises nouvelles, le temps est venu pour la circonspection à l'égard de certains concepts incompris, peu compris, mal compris, mais curieusement galvaudés. Le mal c'est l'Esprit, le mal est spirituel. Pour vaincre le mal, l'Esprit doit lutter contre lui-même, or c'est ce qu'il ne peut faire que trop rarement.

Alors que par le langage, dans son essence obscure, l'homme est bien lié à l'Etre et à la vérité. Mais en dépit de cela, ou à cause de cela, il préférera toujours la non-vérité, le mensonge. A dessein de l'éclaircisement du monde, l'homme choisira de l'assombrir. Qui dispose de la lumière peut la répandre à sa guise, et éclairer à contre-jour. L'animal ne peut pas mentir, parce qu'il ne peut pas parler.

Lexique des mots contenus dans le texte avec leurs définitions :

- Recrudescence : Augmentation, intensification d'un phénomène, d'une activité.

- Effervescence : Agitation, excitation collective, intense et souvent passagère.

- Egide : Protection, patronage.

- Hébétude : État de stupeur, d'engourdissement intellectuel.

- Obnubilation : Trouble de la conscience caractérisé par une diminution de la clarté de l'esprit.

- Eclaircie : Moment où les nuages se dissipent, laissant apparaître le ciel.

- Illumination : Action d'éclairer, de rendre lumineux.

- Révélation : Action de révéler, de divulguer quelque chose.

- Lumen : Unité de mesure du flux lumineux en physique.

- Infrahumanité : État de ce qui est inférieur à l'humain.

- Pneuma : Terme grec signifiant "souffle", utilisé dans un sens religieux ou philosophique pour désigner l'esprit ou l'âme.

- Ruah : Terme hébreu signifiant "souffle", utilisé dans la Bible pour désigner l'esprit de Dieu.

- Geist : Terme allemand signifiant "esprit", utilisé en philosophie.

- Circonspection : Prudence, réserve dans le jugement ou dans l'action.

- Galvaudé : Qui a perdu de sa valeur à force d'être trop utilisé.